Pourquoi la majorité des startups font faillite ?
Pourquoi la majorité des startups font faillite ?

Pourquoi la majorité des startups font faillite ?

Si l’on se fie aux statistiques, près de 90% des startups qui se forment coulent quelques années seulement après leur constitution. Quelles sont les raisons de ces échecs ? Est-ce une fatalité ? Focus sur l’envers du décor de la startup mania.

Le défaut de débouchés viables, première véritable raison de l’échec des startups

Toutes les startups sont créées à la base sur un rêve : l’utopie de l’innovation du siècle. Or malheureusement, la créativité ne fait pas tout. En effet, pour que le projet entrepreneurial constitué autour de l’idée de génie prenne vie et croisse, il est aussi primordial de s’assurer qu’un véritable marché existe derrière, avec des consommateurs prêts à acheter en masse. Malheureusement, c’est rarement le cas. Obnubilés par l’originalité de leur concept, les fondateurs ignorent bien souvent cette variable pourtant fondamentale, précipitant ainsi inexorablement leur initiative vers l’échec. Tout le monde a encore ainsi certainement en tête l’exemple de « Juicero ». Cette startup avait réussi le tour de force de lever plus de 120 millions de dollars auprès du fonds d’investissement de Google, Google Ventures, pour financer son presse-fruit connecté. Malheureusement, l’aventure tourna court faute d’intérêt de la part du public…

Défaut de trésorerie, seconde raison récurrente d’échec

Selon les témoignages recueillis par CB Insights auprès des startups qui ont connu prématurément la banqueroute, l’insuffisance de trésorerie constituerait elle aussi un autre facteur-clé qui expliquerait la déroute des jeunes pousses dans 29% des cas. Les raisons de cet assèchement de la trésorerie sont multiples.

Il se peut par exemple que la startup n’ait pas su gérer ses liquidités au moment du démarrage de ses activités et a de ce fait fini par « grignoter » ses réserves vitales. Il se peut encore que la jeune entreprise n’ait pas réussi tout simplement à générer rapidement du profit pour renflouer ses caisses, finissant ainsi par ne plus pouvoir faire face à ses charges fixes…

Pour éviter ce genre de bévue, il est primordial que l’équipe managériale de la startup pense à mettre en place dès le départ une politique stricte de gestion de la trésorerie avec des solutions efficaces de raccord en cas de besoin. Autrement, l’avenir s’assombrira très vite pour l’entreprise. On se souvient tous par exemple du triste sort de la startup « Save » qui avait été placée en redressement judiciairement en 2016, soit un an seulement après sa fondation. Cela, alors pourtant qu’elle avait réussi l’exploit de lever 15 millions d’euros pour financer le lancement de ses activités en 2015…

Une sous-estimation de la concurrence

Autre cause récurrente d’échec selon les enquêtes croisées menées par CB Insights et WanSquare : la sous-estimation de la concurrence. En effet, lorsque l’idée développée par la startup est bonne, il est naturel que d’autres acteurs s’insèrent également sur le marché. Or, si la startup à l’origine de l’idée n’a pas su ou pu verrouiller comme il le faut le concept, elle se fera rapidement « dévorer » par la concurrence. Surtout lorsque dans les rangs de cette concurrence, on retrouve des géants de l’industrie… Mais il peut aussi tout à fait s’agir de petits acteurs qui ont une politique d’expansion beaucoup plus incisive. Enfin, il y a également l’hypothèse de l’apparition d’une technologie meilleure que celle initialement développée par la startup et qui annihilera naturellement l’envolée de cette dernière.

Ce fut par exemple le sort qu’a subi « Wesabe », une startup qui avait inventé un outil de gestion des dépenses personnelles. Alors qu’elle commençait à percer le marché, un concurrent avait amélioré son concept, la précipitant ainsi vers la banqueroute. Le comble c’est que ce concurrent fut lui-même racheté par « Intuit », un des acteurs majeurs sur ce segment, pour la « modique » somme de 170 millions de dollars.

Défaut d’alchimie au niveau de l’équipe fondatrice

Par-delà les raisons techniques précédemment évoquées, l’échec d’une entreprise naissante peut également tenir à un simple facteur humain. En effet, si l’osmose n’est pas au rendez-vous entre les fondateurs de la startup, l’avenir de la firme sera sérieusement hypothéqué.

C’est en tout cas ce qui ressort des statistiques dans au moins 23% des cas. Ce défaut d’alchimie peut tenir à diverses choses. Les conflits interpersonnels de leaderships et d’ego sont par exemple l’une des formes les plus récurrentes. Mais ce n’est pas la seule. Il se peut encore que les associés, manquant tout simplement de vision et de compétence, prennent les mauvaises décisions…

Défaut de mise en place d’un modèle économique

Rendre économiquement viable le concept original que l’on a eu au départ est une chose plus difficile qu’il n’y paraît. Pour s’assurer de la réussite économique du projet, il faut en effet mettre en place un « business model » simple et efficace.

C’est précisément à ce niveau que bon nombre de startups échouent. Les fondateurs ayant en effet généralement bâti leur idée à l’origine sur un concept reposant sur la gratuité ou la semi-gratuité. L’exemple le plus patent sur ce point fut sans doute celui de la startup « Dinner Lab ». Cette firme voulut en effet imposer en 2016 un concept nouveau dans l’organisation de soirées et évènements privés : proposer l’intervention personnelle et « in situ » de chefs cuisiniers de renom en lieu et place de traiteurs habituels.

Si l’idée était effectivement originale, malheureusement la startup n’a pas eu l’opportunité de l’éprouver bien longtemps faute de business model viable. En effet, elle n’a pas su trouver la formule rentable pour faire face aux défis multiples soulevés par son concept, notamment sur les plans des ressources humaines et de la logistique.

Incapacité à déterminer le bon prix

Autre écueil récurrent qui explique l’échec des startups : la détermination du prix. En effet, même si le produit ou le service proposé est susceptible d’intéresser le public, si la startup n’arrive pas à déterminer rapidement combien est-ce que ce public-cible est prêt à investir pour se le procurer, l’échec se fera irrésistible. Près de 18% des jeunes entreprises qui se forment ont ainsi déclaré forfait pour cette seule raison…

Fermer son capital aux investisseurs étrangers

Ce peut être là aussi une des causes de déroute prématurée des startups selon les analystes. En refusant d’ouvrir son actionnariat aux investisseurs étrangers, une startup manque de nombreuses opportunités. La présence d’un investisseur étranger peut en effet constituer la garantie d’implémenter rapidement le concept à une échelle industrielle.

Ce genre de va-tout facilitant les levées de fonds ainsi que les discussions en faveur de la mise en place d’une éventuelle fusion-acquisition. Ce fut par exemple le cas de Softkinetic, une startup à fort potentiel international qui a raté l’occasion de s’étendre à l’échelle planétaire en refusant d’ouvrir son capital aux investisseurs étrangers.

Face à ces constats, l’échec est-il alors une fatalité ? Pas nécessairement, fort heureusement ! Pour peu toutefois que les startups s’assignent à respecter un minimum de principes.

Savoir cibler son public

Le premier de ces principes consiste ainsi à bien cibler son public. Monter son entreprise en ayant en tête que le produit ou le service que l’on propose intéressera forcément tout le monde constitue en effet un facteur d’échec fréquent. Avant de se lancer, il faut au contraire identifier préalablement les clients idéaux qui, à coup sûr, seront intéressés par ce que l’on propose. Cette identification permettra par la suite de développer efficacement sa politique marketing.

Éviter d’avoir des coûts fixes trop importants dès le départ

Cela permet en effet de ne pas assécher trop vite sa trésorerie avant les premières rentrées de liquidités.

Avoir une confiance aveugle dans son équipe

Même si la confiance permet d’instaurer un environnement déstressé au sein de l’entreprise, il ne faut pas non plus tomber dans l’angélisme et se dire que l’on n’a pas besoin de vérifier ce que fait son équipe. Cela serait en effet une erreur gravissime car pour peu que celle-ci se dévoie de la politique de la boîte, les conséquences peuvent être lourdes pour la startup tant en termes d’images que nécessairement en suite de profit…